Notre vision n’a pas changé depuis la création de VIDI et l’évolution renforce chaque jour notre conviction, nous devons garder la maitrise de notre outil de travail car nous sommes les mieux armés pour faire face aux défis que nous devons affronter.
Dans le contexte actuel, il est sans doute utile de rappeler les fondamentaux de notre projet. En dehors de la pandémie qui perturbe nos organisations, mais nous oblige aussi à nous adapter rapidement, nous devons faire face à un triple défi afin de répondre au mieux aux besoins de la population : démographique, technologique et financier.
Démographique, c’est le plus prégnant, nous payons les décisions des gouvernements qui ont volontairement limité le numerus clausus des médecins en formation à 3500 alors qu’il eut été nécessaire d’en former au moins deux fois plus. Nous sommes au plus creux de la courbe qui ne retrouvera les effectifs de 2006 qu’en 2030 et encore les radiologues seront 9,8% moins nombreux en 2030 qu’en 2006. (Drees N°679 février 2009) De plus notre spécialité évolue, nos compétences augmentent mais nous sommes de plus en plus spécialisés dans un nombre limité des champs de l’imagerie.
Technologique, nos métiers évoluent très rapidement, sont et seront fortement impactés par l’intelligence artificielle que nous devons être capables d’intégrer dans nos pratiques pas seulement médicales mais dans la gestion de nos workflows. Ces évolutions technologiques, la mise en place de nouveaux outils notamment de communication, Cloud, lignes à hauts et très hauts débits, la sécurité́ informatique ont un coût qui connait une croissance exponentielle. De plus, la prise en compte de l’impact environnemental de nos activités est incontournable, engageant notre responsabilité. (Kovacsik H, et al. Vous avez dit « green radiology » ? Journal d’imagerie diagnostique et interventionnelle (2022), https://doi.org/10.1016/j.jidi.2021.12.005
Par ailleurs, « en 2020 la DCSi s’est élevée en France à 284,5 Md€, soit 12,4% du PIB (contre 11,3% en 2018 – Drees, 2021).
Parmi les pays de l’OCDE, la France est l’un des pays qui consacre le plus de richesse à la dépense courante de santé : si l’on se compare avec les autres pays développés, seuls les États-Unis, l’Allemagne et la Suisse dépensent davantage. Notre pays mobilise par ailleurs un peu plus de richesse nationale pour la santé que la Suède, le Japon ou le Canada.
Dans tous les pays de l’OCDE, les dépenses de santé, après avoir été un poste fortement dynamique, progressent aujourd’hui au même rythme que leur PIB. Cependant, avec une augmentation moyenne annuelle de 2% depuis 2015, on constate que la France a une hausse moins forte que des pays comme les États-Unis ou l’Allemagne (+ 4% en moyenne). Le respect de l’Objectif national d’assurance maladie, depuis maintenant une dizaine d’années (2010), en est à l’origine. Cette tendance a cependant pris fin avec la crise sanitaire, qui a provoqué une très forte croissance des dépenses de santé (+ 15 Md€) et un creusement des déficits. »
(Fiche thématique Vie publique dernière modification 30 novembre 2021)
Ce pourcentage du PIB consacré à la santé ne peut pas croitre indéfiniment ! A cette réalité, s’ajoute le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques qui vont mathématiquement augmenter la demande de soins. En 2030, 21 millions de français auront plus de 60 ans soit près d’un tiers de la population. La radiologie doit faire sa révolution, si nous ne modifions pas considérablement et fondamentalement nos pratiques et nos organisations actuelles, nous serons incapables de répondre aux besoins de la population ce qui nous sera à juste titre reproché.
C’est bien pour éviter une telle situation que nous anticipons et mettons en place les modalités du « cabinet 2030 ». Les radiologues du réseau VIDI savent le rôle essentiel de l’imagerie dans le parcours de vie de chacun et comment ils peuvent aider à supporter les accidents de la vie s’ils sont là ou au contraire, les aggraver s’ils ne savent répondre à temps. Ils sont conscients de leur responsabilité sociale et sociétale afin que chaque patient puisse bénéficier du meilleur examen, réalisé le plus efficacement et confié pour analyse et interprétation au radiologue compétent dans la spécialité. Pour atteindre cet objectif, les radiologues du réseau VIDI refusent d’assister passivement au démantèlement de la spécialité au profit d’acteurs financiers à qui la situation démographique n’a pas échappé qui drapés dans les habits de la vertu sont capables de promouvoir des solutions de prestations de service séduisantes aux yeux des tutelles proposant notamment la promotion de professions intermédiaires. Les radiologues du réseau VIDI sont promoteurs de l’évolution des métiers paramédicaux qui doivent monter en compétence mais dans l’objectif d’apporter une réponse cohérente à l’organisation de l’imagerie et pas seulement une prestation. Deux chiffres clés, 233 sous-préfectures, 136 GHT, qui sont de taille variable mais rencontrent tous des difficultés organisationnelles de l’imagerie ou vont les rencontrer à très court terme. Les centres de proximité ne peuvent plus rester isolés et doivent pouvoir s’intégrer dans les projets territoriaux des groupes plus structurés afin de ne pas laisser créer des déserts médicaux . Concrètement quelles solutions proposer pour garantir l’accès à l’imagerie du dépistage à la radiologie interventionnelle sans oublier la permanence des soins, faut il rappeler notre rôle essentiel dans la prise en charge des AVC, des embolies pulmonaires ?…
Les réponses s’appuient sur un trépied que nous maitrisons, déjà déployé par certains d’entre nous, que nous avons la capacité de rapidement mettre en œuvre sur l’ensemble des territoires : Télé-radiologie, Compétence, Pertinence. Télé-radiologie, nous avons avec Télé-VIDI l’outil qui permet d’amener la compétence au plus près de chaque territoire, notre modèle organisationnel qui associe télé-radiologie et présentiel répond aux attentes des patients et des équipes médicales et paramédicales. Il est facilement perfectible en facilitant la téléconsultation souvent nécessaire lors de la restitution des examens. La gestion du temps médecin invite à proposer des organisations en appui avec nos collaborateurs.
Compétence, faut-il rappeler que depuis plus de vingt ans, les meilleurs élèves des facultés de médecines choisissent à l’issue du concours de l’internat la radiologie ? Notre spécialité qui a la chance d’avoir accueilli les cerveaux les plus brillants ne serait pas capable d’être innovante et devrait laisser à des acteurs financiers le soin de gérer à leur place ! Nous avons la compétence et la maitrise des technologies, nous participons aux développements des outils d’intelligence artificielle qui feront de nous demain des radiologues augmentés qui garderont pour autant la responsabilité de la réalisation de l’acte et de son interprétation ce que nous revendiquons.
Pertinence, ce thème porté par la profession depuis plusieurs années doit maintenant prendre toute sa dimension notamment dans le cadre du tant attendu DMP, de l’utilisation de l’INS et de la gestion des datas afin d’éviter les examens redondants.
Rappelons les quatre valeurs ajoutées du radiologue : « valider la demande et donc la prise en charge. C’est la première valeur ajoutée du radiologue. La deuxième valeur ajoutée est la réalisation des actes que les radiologues contrôlent en présentiel ou à distance, en coopération avec les manipulateurs. La qualité de la réalisation est un élément primordial de la troisième valeur ajoutée du radiologue : l’interprétation de l’examen, qui doit être accompagnée d’un compte rendu structuré et diffusé. Enfin, la conclusion doit comporter une orientation ou une conduite à tenir qui constitue la quatrième valeur ajoutée du radiologue ». https://doi.org/10.1016/j.jidi.2018.02.004
Ce trépied constitue le socle du nouveau workflow qu’il faut nécessairement mettre en place au risque redisons le de ne pas répondre à la demande. Il faut libérer du temps médecin, par la pertinence et la compétence du radiologue augmenté qui gagnera du temps dans l’analyse notamment des examens de suivi des pathologies chroniques mais aussi de dépistage. Compétence qui doit diffuser au plus près des territoires grâce aux outils de communication. Pour mettre en œuvre un tel projet il faut des moyens financiers nécessaires à la restructuration de l’imagerie. C’est une magnifique opportunité pour les radiologues d’investir afin de piloter eux-mêmes ces changements organisationnels qui permettent d’assurer le portage des centres d’imagerie et la transition générationnelle. Génération VIDI accompagnée par nos partenaires bancaires offre cette opportunité.
Relisons l’histoire de la radiologie depuis plus de cent ans, et souvenons-nous qu’Antoine Béclère s’est battu plus de vingt ans pour que la radiologie reste aux mains des médecins !
Voir- Comprendre-Soigner, c’est le sens de notre métier que nous souhaitons préserver.
Dr Laurent VERZAUX
Directeur Général de VIDI
Membre du Conseil de Surveillance de la SFR
Membre du Bureau de la FNMR